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Les fonds bilatéraux et multilatéraux sont un vrai labyrinthe. Pourtant, ils peuvent constituer une source importante de financement pour bon nombre d’organisations. Mais comment conduire une analyse des fonds gouvernementaux pour y voir plus clair et savoir s’ils constituent une cible prioritaire pour vos activités de collecte de fonds ?

Les trois types de fonds gouvernementaux

Les fonds bilatéraux

On parle d’aide bilatérale lorsqu’un gouvernement transfère de l’argent à un pays bénéficiaire. Le transfert peut être direct lorsqu’il est effectué à partir d’institutions de financement du développement (banques nationales de développement spécialisées) ou lorsqu’il passe par des partenaires de mise en oeuvre, tels que les ONG ou la société civile.

L’aide bilatérale peut être parfois considérée par certaines organisations comme un outil favorisant les intérêts stratégiques et commerciaux des pays donateurs respectifs. Le volume des fonds dédiés dépend largement de la capacité économique du pays, les plus généreux étant souvent les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Suède, la Norvège, la France et l’Allemagne.

Les fonds multilatéraux

Les financements multilatéraux passent par des organisations multilatérales, telles que les Agences des Nations Unies, l’Union Européenne ou les banques internationales de développement spécialisées, qui dépendent des contributions financières de leurs membres pour fonctionner et mener à bien leurs opérations.

L’aide multilatérale est généralement considérée comme une forme d’aide moins politique que l’aide bilatérale, encourageant la coopération internationale. De plus, elle permet la mise en oeuvre de programmes à grande échelle qui dépassent la capacité individuelle des pays donateurs par le biais de l’aide bilatérale.

Les fonds communs ou pooled funds

Un fond commun collecte de l’argent auprès de plusieurs donateurs, parfois des gouvernements, parfois des bailleurs privés, et le place dans un portefeuille créé pour traiter un sujet spécifique. Un fond commun est très souvent créé pour un pays en particulier et le plus souvent pour traiter les crises humanitaires ou accompagner les Etats fragiles touchés par des conflits.

Les fonds communs dominent rarement les flux d’aide au niveau des pays. La littérature à ce sujet met en évidence leurs avantages potentiels, mais elle note également que leurs performances sont souvent en deçà des attentes: décaissement lent et insatisfaction à l’égard des résultats conduisent souvent les donateurs à rechercher des canaux de financement alternatifs ou parallèles.

Analyser le potentiel des fonds gouvernementaux

Benchmarking des organisations similaires

Si votre secteur d’activité est quelque peu sensible, comme par exemple les droits de l’Homme, la criminalité ou la cybersécurité, il peut être intéressant de commencer votre analyse par un benchmarking des organisations similaires à la vôtre ou travaillant sur des thématiques connexes, afin d’évaluer qui, parmi elles, obtiennent des fonds gouvernementaux.

Pour cela, recherchez et listez toutes les organisations intéressantes et créez un tableau qui rassemblera toute votre recherche en pensant bien à prendre en compte les éléments suivants:

  • Nom, pays, mission, zone géographique d’intervention et site Internet
  • Financée par des gouvernements ? Si oui, lesquels ? Combien (pourcentage du budget annuel) ?
  • Type de projets soutenus par les gouvernements
  • Position publique vis-à-vis de la réception de fonds gouvernementaux ou non
  • Gestion du risque / charte éthique
  • Autres types de bailleurs de fonds

Beaucoup d’informations sont disponibles sur les sites Internet, il suffit de prendre le temps de chercher. Parfois, certains éléments ne seront pas disponibles, mais en recherchant 15 à 20 organisations, cela vous donnera un bon aperçu de la situation et de l’intérêt pour votre organisation de considérer solliciter des fonds gouvernementaux.

Cette première étape vous permet déjà de décider s’il est utile ou non de poursuivre votre analyse.

Prospection et qualification des fonds gouvernementaux

Si, au vue du benchmarking, les fonds gouvernementaux vous paraissent être une source de financement potentiellement intéressante, il conviendra de pousser vos recherches un peu plus loin.

La deuxième phase consiste à rassembler toutes les informations nécessaires par bailleurs dans votre base de données ou votre CRM en considérant les points suivants:

  • Quelles sont les thématiques prioritaires couvertes ? La vôtre en fait-elle partie ?
  • Quelles zones géographiques d’intervention sont privilégiées ?
  • Quels sont les critères d’inclusion / d’exclusion ? Par exemple, devez-vous avoir votre siège dans le pays pour formuler une demande ?
  • Quelle est la capacité financière du bailleur ?
  • Quelles sont les modalités d’envoi d’une demande ?

Cette recherche poussée vous permettra d’avoir un très bon aperçu du potentiel financier de cette cible pour votre organisation.

Matrice des priorités

Une dernière étape afin de finaliser l’analyse consiste à donner un score aux différents bailleurs recherchés pour définitivement valider ou non votre intérêt à poursuivre cette piste. Une matrice peut être développée selon différents critères qui sont essentiels pour vous. Voici quelques idées:

  • Probabilité de succès;
  • Alignement avec votre mission et vos activités;
  • Capacité financière;
  • Exigences / critères.

Ces scores vous permettront de classer vos prospects par ordre de priorité (haute, moyenne ou faible), voir d’exclure certains bailleurs de votre liste.

Et comment gérer le risque ?

Pour certaines organisations, recevoir des fonds gouvernementaux représente une vraie question éthique, notamment pour des soucis d’indépendance. Gérer le risque devient alors un aspect indispensable à prendre en compte.

Effectuer un contrôle diligent

Un processus de vérification plus poussé peut être mis en place par votre organisation pour vérifier si l’Etat en question n’est pas impliqué dans des affaires ou scandales qui pourraient éclabousser la notoriété de votre structure et affaiblir la confiance de vos autres donateurs. Pensez aux critères clés pour vous et développez un processus interne fiable pour vous assurer d’avoir suffisamment d’éléments avant de décider de vous engager avec un gouvernement ou un autre.

La charte éthique

De manière générale, en collecte de fonds, avoir une charte éthique est presque indispensable. Cela vous permet de positionner clairement votre organisation sur les fonds acceptés ou rejetés, mais aussi de contrôler et de gérer les risques potentiels. Le charte éthique couvre en général les éléments suivants:

  • Vos valeurs;
  • Contributions financières acceptées ou non;
  • Comment votre indépendance est assurée;
  • Votre engagement envers la transparence financière;
  • Et un aperçu du processus de diligence mis en place.

Chaque cas sera unique, mais ce document vous permettra de savoir quoi faire, de prendre des décisions éclairées, et surtout de pouvoir défendre votre position en cas de problème.

Avec tout cela, j’espère que vous pourrez y voir plus clair et naviguer sereinement dans le labyrinthe des fonds gouvernementaux ! Bonne chance !


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