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Nous poursuivons notre tour d’observation des pratiques de la collecte de fonds à l’international en faisant un passage au Portugal. Cette article est rédigé par Paula Oliveira, professionnelle de la réflexion, de la stratégie et de l’engagement, spécialisée dans les initiatives de changement de système. Paula travaille à l’échelle mondiale mais vit au Portugal depuis 5 ans. Elle siège au conseil d’administration du Lisbon Project, une organisation caritative qui protège la vie des migrants et des réfugiés. Elle fait également partie du conseil de surveillance de Circular Economy Portugal, une organisation caritative qui œuvre en faveur d’une société sans déchets. 

Le Portugal est généralement connu pour sa belle géographie, sa cuisine délicieuse, son mode de vie attrayant, son coût de la vie et des vacances plus abordables que ses homologues européens, et pour être un pays très accueillant. Cependant, le Portugal est confronté à plusieurs défis sociaux fondamentaux, tels que la santé publique et l’éducation, l’augmentation des prix de l’immobilier, la pauvreté, le vieillissement de la population, entre autres. Plusieurs organisations caritatives locales s’attachent à relever ces défis nationaux, ainsi que des problèmes mondiaux tels que le changement climatique. Dans tous les domaines, elles trouvent que le paysage du financement est limité, à la fois en termes d’opportunités et de montant de financement disponible. Malgré la sensibilisation aux défis environnementaux, certaines organisations caritatives de ce secteur sont confrontées à des obstacles supplémentaires pour financer leurs activités en raison de pressions sociales plus immédiates.

Types de financement

Les subventions publiques sont la source de financement la plus courante au Portugal, estimée à 40 % du total. Toutefois, le processus de demande peut s’avérer techniquement difficile pour de nombreuses organisations, qui recherchent l’aide de rédacteurs de demandes de subventions – un processus qui peut être coûteux. Une autre difficulté réside dans le fait que les fonds peuvent être rétroactifs ou différés, ce qui oblige les organisations caritatives à disposer d’une bonne trésorerie pour couvrir leurs dépenses et à préciser quelles dépenses seront couvertes. Il est conseillé d’être très clair sur les conditions de la subvention et d’évaluer si l’organisation caritative a les moyens de gérer la subvention – non seulement sur le plan financier, mais aussi en termes d’exigences de rapports sur la gestion des fonds et de mises à jour sur les résultats. Il faut également se demander si le fait d’être soutenu par des fonds publics pourrait compromettre l’indépendance de son travail et de ses activités de plaidoyer.

Les fondations sont également d’importants donateurs et, comme dans d’autres pays, elles ont des domaines d’intervention très spécifiques. Les plus grandes fondations du Portugal sont la Fundação Calouste Gulbenkian, la Fondation Aga Khan (Aga Khan Development Network – AKDN), la Fundação EDP, la Fundação Ageas, la Fundação Champalimaud et la Santa Casa da Misericórdia, l’une des organisations caritatives les plus anciennes et les plus importantes du Portugal.

Les partenariats et les dons des entreprises sont perçus comme plus limités que dans d’autres pays européens. Le bénévolat des employés et les dons en nature sont les types de contributions les plus courants, mais les collaborations pro-bono sont en augmentation. Dans tous les cas, les organisations caritatives doivent présenter des arguments solides pour inciter les entreprises à conclure des accords de partenariat monétaire ou stratégique.

Il est essentiel d’avoir le statut juridique et fiscal adéquat pour que les entreprises et les particuliers puissent bénéficier d’avantages fiscaux qui les incitent à faire des dons. Offrir aux donateurs la possibilité de financer des projets spécifiques contribue aux efforts de collecte de fonds, mais peut également constituer un défi pour les organisations caritatives, qui ont besoin de « fonds non affectés » pour couvrir leurs dépenses générales. Elles ont également besoin de fonds pour des projets à plus long terme afin d’avoir un impact plus durable sur les communautés ou les causes qu’elles servent, un défi dans le contexte portugais étant donné le nombre limité de fondations et d’investissements d’entreprises dans les dons caritatifs par rapport au nombre d’organisations caritatives et à leurs besoins.

On estime que les dons individuels représentent 30 % du total des dons, mais ils ont été affectés ces dernières années par la baisse du revenu disponible due à la hausse de l’inflation et à la stagnation des salaires. Selon le site officiel de l’Union européenne, le PIB par habitant du Portugal est inférieur à la moyenne de l’Union européenne (27 900 € contre 35 500 €). Il est courant que les associations locales demandent une cotisation, mais la plupart des Portugais préfèrent donner des articles tels que de la nourriture, des vêtements ou des appareils électroniques plutôt que de verser des contributions financières régulières, ou faire des dons par le biais de leur déclaration d’impôts une fois par an. Cette réalité évolue lentement, probablement en raison du nombre croissant d’étrangers et de nomades numériques qui gagnent souvent leur vie ailleurs et souhaitent « rendre la pareille » à leur pays d’accueil, ainsi que de l’utilisation de plateformes numériques et de médias sociaux qui permettent aux associations caritatives d’atteindre un public plus large.

Une diversification ciblée

Pour les organisations caritatives qui ont l’intention de collecter des fonds au Portugal, il est important de disposer d’une stratégie de collecte de fonds diversifiée (y compris la fourniture de services rémunérés, le cas échéant) et d’un bon réseau, tant au niveau local qu’à l’étranger, afin d’éviter de dépendre uniquement du financement local.

Mais le bon dosage de diversification pour chaque organisation doit être défini dans une optique stratégique. La clarté et la connaissance des programmes de financement et des domaines d’intervention des fondations sont essentielles pour ne pas perdre de temps et investir dans des opportunités qui correspondent à la mission de l’organisation caritative, aux résultats escomptés et à sa capacité à gérer les processus d’octroi de subventions. Cela inclut la transparence et la responsabilité dans la gestion des fonds, qui sont essentielles pour instaurer la confiance avec tous les types de donateurs et encourager des contributions plus régulières. Enfin, il est conseillé d’avoir du personnel ou des partenariats dédiés à la recherche et à la rédaction des propositions, mais il ne faut jamais oublier le pouvoir de l’engagement de l’ensemble de la communauté investie dans la cause pour participer aux efforts de mobilisation.


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