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Comme toute géographie, l’Europe a ses spécificités en matière de collecte de fonds. En effet, la collecte de fonds internationale implique de naviguer entre les lois, les réglementations et les nuances culturelles et sociales propres à chaque pays ciblé. De l’étranger, l’Europe est perçue comme un seul continent, mais même s’il existe des liens étroits entre les pays membres, il n’existe pas d’approche unique de la collecte de fonds en Europe. 

Cet article, ainsi que le webinaire proposé par la Fondation Chapel & York sur le sujet, ont pour but de vous guider à travers ces complexités et de vous fournir des informations cruciales pour une campagne réussie.

1- Aperçu général au niveau européen

a. Prenez en compte le contexte économique et social local

Si l’Union européenne a été assez stable ces dernières années, il est important de considérer que le contexte évolue et que de grands changements se produisent et ont un impact direct ou indirect sur la collecte de fonds. Par exemple, après la crise du COVID, puis la guerre en Ukraine, nous avons assisté à une augmentation spectaculaire du coût de la vie en Europe. En conséquence, le montant des dons des particuliers, au niveau européen, a diminué de 32 % en 2022 par rapport à 2021, ce qui a eu un impact direct sur les activités de collecte de fonds.

Compte tenu de ces crises, le coût de la vie et l’inflation peuvent être importants. Par exemple, en 2022, en Irlande, 48 % des organisations à but non lucratif ont constaté une augmentation de la demande pour leurs services, alors que les dons ont diminué de 38 %, créant ainsi des conditions plus difficiles pour les organisations à but non lucratif en matière de collecte de fonds.

b. Ayez une compréhension des défis et des stratégies de collecte de fonds au niveau local

Dans le rapport 2022 Nonprofit Pulse de l’EFA (European Fundraising Association), sur 658 participants à l’enquête, 47 % déclarent que collecter suffisamment de fonds reste un défi majeur. En réponse, 31 % ont déclaré avoir augmenté leurs investissements dans la communication et le marketing. Cette enquête révèle également que près d’un tiers des répondants (31 %) ont déclaré avoir réduit le nombre d’événements qu’ils organisent. Si les organisations à but non lucratif ont fait état d’une diminution des revenus tirés des dons individuels et du nombre de sympathisants, elles ont également constaté une augmentation des fonds provenant de subventions et de fondations.

Les stratégies de collecte de fonds évoluent donc pour s’adapter à ces nouvelles tendances et il est crucial pour une organisation étrangère d’avoir une vue d’ensemble de ces tendances. En 2023, les principaux domaines d’intérêt des stratégies de collecte de fonds sont le développement numérique, l’attention portée aux supporters, les dons réguliers et la diversification des canaux. 

Si l’on considère les canaux de collecte de fonds et d’engagement, en 2022, les campagnes d’emailing et de médias sociaux continuent d’être les canaux les plus utilisés.

c. Ayez une vision claire des grandes tendances

Bien qu’il soit difficile de faire des comparaisons précises des dons caritatifs en Europe, en raison des différences de données disponibles dans chaque pays, nous pouvons avoir accès à des estimations et à de grandes tendances. Si l’on considère les fondations, on estime qu’il y en a 147 000 en Europe. Ces fondations gèrent 511 milliards d’euros d’actifs et de dotations et donnent environ 60 milliards d’euros par an (source : DAFNE, Candidat).

Dans une récente étude Giving in Europe de l’ERNOP (European Research Network on Philanthropy), le Royaume-Uni et l’Allemagne sont considérés comme les plus grands donateurs, avec un montant estimé à 25,3 milliards d’euros pour le Royaume-Uni et à 23,8 milliards d’euros pour l’Allemagne. 

Derrière le Royaume-Uni, l’Italie (7,2 milliards d’euros) et l’Allemagne (6,3 milliards d’euros) arrivent en tête des dons individuels, tandis que la Suisse (660 millions d’euros) et la France (600 millions d’euros) arrivent en tête des legs.

Dans son rapport 2017 Fundraising in Europe, l’EFA (European Fundraising Association) prévoyait que le nombre de donateurs pourrait se stabiliser à l’avenir. Malgré une certaine croissance de la population européenne, moins de la moitié des nations interrogées ont fait état d’une augmentation du nombre de donateurs. La majorité des associations ont indiqué que le nombre de donateurs avait stagné ou diminué au cours des cinq dernières années. Toutefois, les associations ont également fait référence à de nouveaux groupes de donateurs et à des sympathisants plus jeunes qui sont de plus en plus accessibles au secteur grâce au développement de plateformes de dons en ligne, à la croissance des dons de pair à pair et aux nouveaux venus sur le marché de la collecte de fonds qui attirent une base de sympathisants différente.

Si nous examinons les principales causes caritatives, nous apprenons que :

  • les enfants et les jeunes sont une des principales causes dans 9 pays européens.
  • les soins de santé et la recherche médicale dans 7 pays européens ;
  • le développement international dans 5 pays ;
  • la pauvreté, les services d’urgence et l’aide sociale viennent ensuite dans 4 pays européens.

d. Renseignez-vous sur la législation

En mai 2018, le règlement général sur la protection des données (RGPD) est entré en vigueur. Il s’agit de la plus grande refonte de la législation sur la protection des données depuis plus de 25 ans. La plupart des associations nationales de collecte de fonds ont indiqué que les organisations caritatives de leur nation n’étaient pas suffisamment préparées à la nouvelle réglementation. Il s’agit d’une législation complexe à naviguer pour les organisations à but non lucratif européennes et clairement un défi à considérer pour les organisations étrangères.

2- Les différences au sein de l’Europe

a. Tendances des dons au niveau national

L’Europe ne doit pas être considérée comme un grand marché, mais comme une multitude de marchés ayant leurs propres spécificités. Si l’on se penche sur les tendances des dons au niveau national, un rapport comparatif de StiftungSchweiz explorant les tendances des dons caritatifs dans six pays européens révèle des différences notables dans la manière dont les organisations à but non lucratif collectent des fonds à travers le continent.

Voici quatre exemples tirés de la synthèse réalisée par l’EFA : 

  • Allemagne : Avec un revenu de 22 milliards d’euros, l’Allemagne est le deuxième marché philanthropique de l’étude. Les dons des entreprises sont particulièrement importants, puisqu’ils représentent 43 % des revenus collectés, soit autant que les dons des particuliers (23 %) et des fondations (20 %) réunis (à l’exclusion des fondations ecclésiastiques).
  • France : Le secteur caritatif français collecte 9,62 milliards d’euros et dépend davantage des dons de particuliers (36 %) que tout autre pays mentionné dans le rapport. Il est suivi de près par les revenus des fondations (29 %), ce que le rapport qualifie de « surprenant » car les fondations sont relativement nouvelles sur le marché. Les legs sont également très importants, puisqu’ils représentent 11 % des revenus provenant de dons.
  • Suisse : Plus petit marché de l’étude, les fondations contribuent à plus de la moitié (53 %) du montant total des dons en Suisse (3,45 milliards d’euros). D’une manière générale, malgré la disparité de la taille globale du marché, le Royaume-Uni et la Suisse présentent des tendances très similaires en matière de dons.
  • Espagne : Avec 3,77 milliards d’euros collectés par tous les canaux, les organisations à but non lucratif espagnoles dépendent fortement des revenus des fondations, à hauteur de 62%. En comparaison, les dons des entreprises sont marginaux (8 %). Près d’un quart (23 %) des dons proviennent de particuliers.

b. Environnement juridique

Dans Comparative Highlights of Foundation Laws by Philea, deux tendances principales concernant le cadre général du droit fiscal applicable aux fondations en Europe sont révélées : 

  • tous les pays accordent des avantages fiscaux aux fondations philanthropiques ;
  • presque tous les pays ont mis en place des incitations fiscales ou des subventions similaires pour encourager les dons des particuliers et des entreprises.

Philea a répertorié 4 catégories de systèmes fiscaux : 

  1. Déduction fiscale : une réduction du montant de croissance sur lequel l’impôt est calculé ;
  2. Crédit d’impôt : un montant qui peut être déduit de l’impôt réel à payer ;
  3. Hybride : une combinaison de déduction fiscale et de crédit d’impôt ;
  4. Aucun système fiscal en place.

Cependant, chaque pays dispose d’un cadre juridique fiscal très spécifique. Dans son rapport 2022 Comparative Highlights of Foundation Laws, Philea souligne que « le droit fiscal fait l’objet d’une révision constante, de nouvelles incitations fiscales liées à la pandémie de Covid en 2020 ayant été introduites dans plusieurs pays dans le but de stimuler les dons et la création d’œuvres d’intérêt public. Les gouvernements semblent utiliser la législation fiscale comme un moyen de stimuler davantage d’investissements et d’activités dans certains domaines« . Ces changements constants exigent donc un suivi permanent de la part des organisations étrangères. Un tableau comparatif figure dans le même rapport pour une vue d’ensemble du cadre fiscal dans chaque pays européen.

c. Différences culturelles

L’histoire de la philanthropie et donc les différences culturelles sont également à prendre en compte. Chaque écosystème fonctionne différemment et les donateurs ne sont pas nécessairement abordés de la même manière. A titre d’exemple, de nombreuses associations françaises rencontrent des difficultés pour collecter des fonds en Suisse, sans même comprendre pourquoi. On considère souvent à tort que les pays voisins sont très semblables alors qu’ils ne le sont pas. Le rapport à l’argent, l’état d’esprit des habitants, leur connaissance et leur intérêt pour le secteur associatif et la philanthropie, leurs origines sociales, économiques ou religieuses sont autant d’éléments clés à prendre en compte.

Conclusion

Malgré ces défis, l’Europe reste un marché plein d’opportunités pour les organisations à but non lucratif étrangères. De plus, nous constatons une augmentation constante des dons transfrontaliers et transnationaux au sein de l’UE et au-delà. 

Une bonne compréhension de ce marché, combinée à un soutien professionnel de la part de personnes possédant une expertise et des connaissances dans le pays que vous ciblez, est essentielle pour garantir le succès de votre campagne de collecte de fonds sur le marché européen. 


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